J'ai subi le film A.L.F.

Depuis le temps que j'entendais parler de ce film de Jérôme Lescure, j'avoue que j'avais fini par coller dans un coin de mon hémisphère du désir l'envie intime de voir cette réalisation cinématographique dédiée à la Protection Animale. Mourir con, oui. Mais mourir ignorant, non.

La Protection Animale, pour ceux qui l'ignorent, c'est un peu le point culminant de la conscience dans ce qu'elle a de plus noble (d'après les militants animalistes), et qui pourrait se résumer de la façon suivante : "On ne touche pas aux animaux, bordel!". A un bémol près, car de plus en plus "ne pas toucher", ça veut aussi dire "ne pas manger". Mais j'aurai l'occasion de revenir là dessus dans d'autres articles.

Bref, le film ALF n'a rien à voir avec l'E.T. poilu de la série télévisée. ALF, ça veut juste dire "Front de Libération Animale". Ce film, "ce chef d'oeuvre de la prise de conscience" évoque une histoire (interminable) entourant une action destinée à libérer des chiens promis à la vivisection. On comprend donc, sans que le sujet ne soit jamais directement abordé, que la vivisection c'est le mal. D'ailleurs, les images sont là pour le prouver. Des vidéos de chiens en cage ou de singes avec des électrodes viennent allègrement taper l'incruste dans une narration plate (qui aurait sans problème pu rentrer dans un court métrage d'un quart d'heure). Mais à aucun moment, les bienfaits de la recherche ne sont abordés. Ni même remis en question. 

Non. La vivisection, c'est le mal, et c'est comme ça. Vidéos (tristes) à l'appuis. Et si vous avez envie de débattre, allez plutôt faire vos pronostics sur le prochain derby Dax vs Mont-de-Marsan, mais ne comptez pas sur ce film pour éclairer un débat.

D'ailleurs, si l'envie de parler rugby vous prend, laissez passer les 52 premières minutes du film car il ne s'y passe absolument rien. Plusieurs personnages tristes, perdus, visiblement torturés y sont (très longuement) décris par des scènes interminables. En fait, durant toute la première heure, on se demande où va nous mener ce film.

Mais par miracle, une cassette audio nous éclaire subitement. Nous voici extraits de notre obscurantisme par la lumière d'explications qui nous révèlent l'héroïsme des activistes d'A.L.F. qui se mettent hors-la-loi par devoir civique, pour atteindre leur but ultime. Libérer des animaux. 

Avec un peu de perfidie, je pourrais donc ajouter qu'en se limitant à la Bande Annonce, on a vu le film.

Car suite à cette apologie de la nécessité de ne pas respecter les lois "pour les animaux", le film retombe dans sa torpeur. Le responsable de cette "libération" est interrogé par deux flics. Un flic très humain, intelligent, "qui fait juste son travail", mais qui admire et envie l'activiste pour la sincérité de son combat. Et un flic bourrin, un peu con et qui refuse d'accéder au degré de conscience supérieure (normal, il est con) en ne comprenant pas le combat des activistes d'ALF.

En fait, ce film pourrait se résumer en une seule phrase "ALF c'est bien, et ceux qui ne comprennent pas sont des cons". Et là, j'ai envie de me révolter. Plus d'une heure et demi pour dire ça, bordel crotte !

Bon, il convient avant de terminer de signaler qu'ALF est un mouvement répertorié comme mouvement terroriste dans plusieurs pays, dont les Etats Unis (cette précision, c'est juste pour être méchant et me venger de ces 95 minutes de vide).

Il convient aussi de préciser que la vivisection, malgré ce mot laid, ne peut pas être posée comme l'incarnation du mal absolu sans en débattre. Il est vrai que ces animaux avec des électrodes plantées dans la tête, c'est choquant (ça ne serait pas douloureux, selon les chercheurs, promis, juré, craché). Il est vrai aussi qu'un certain nombre d'animaux utilisés ne s'en sortent pas vivants. Mais on doit tous nos médicaments, tous nos traitements à ces expérimentations sur les animaux. Une approche un peu mature de la part de l'auteur aurait du l'inciter à évoquer cet aspect là pour poser un débat (qui peut se poser).
Mais ce choix n'a pas été fait. Tant pis pour la cause qu'il défend.