dimanche 2 février 2014

Le tercio de pique

Le tercio de pique est le premier tiers d'une lidia de corrida (voir article de présentation de la corrida)

Cette étape est fondamentale car elle permet en premier lieu d'évaluer la bravoure du taureau, autrement dit sa capacité à charger malgré la pique (s'il n'y a pas de charge naturelle de la part du toro brave, il n'y a tout simplement pas de combat).
L'homme à cheval chargé d'inciter le toro à la charge  et de le piquer est appelé le picador. 




Comme on peut le voir, le cheval est solidement protégé par un caparaçon matelassé, ce qui n'a pas toujours été le cas. Avant 1928, année où l'utilisation du caparaçon a été rendue obligatoire, les morts et blessures graves de chevaux étaient très fréquentes. 

Aujourd'hui, elles sont extrêmement rares, même quand le cheval est renversé par la puissante charge du taureau.

Parmi les taureaux particulièrement valeureux qui ont pu marquer l'histoire de la pique, on peut en citer deux. Battalòn qui en 1880 tua tous les chevaux présents dans l'arène, si bien qu'il fallut aller en acheter à prix d'or en ville pour pouvoir poursuivre la corrida. Et sans aucun doute Llavero qui en 1866 à Saragosse résista à 53 piques et envoya 14 chevaux à l'abattoir ! Ce dernier fut gracié, mais il ne survécut pas à ses blessures. 

Avec l'apparition des caparaçons, la pique a fondamentalement changé, puisque ces protections permettent le contact des cornes sur le ventre du cheval (et un peu partout d'ailleurs), si bien que le toro bravo peut désormais pousser sur le destrier sans l'éventrer. C'est cette capacité de continuer à pousser malgré la blessure provoquée par la pique, ainsi que la longueur de la prise d'élan dans la charge, qui permettent d'évaluer la bravoure de l'animal. 



Outre l'évaluation de la bravoure du taureau, la pique permet également de le fatiguer et de l'affaiblir. Et également de lui faire baisser la tête pour le tercio des banderilles, puis pour celui de la faena, le troisième tiers de la lidia où le toro passe sous la muleta (cape tenue par une épée) du torero.

De nos jours, le taureau brave est piqué en général deux fois (parfois une seule fois si le toro se montre particulièrement faible). Mais lorsque ce dernier se montre particulièrement intéressant, une troisième pique peut être effectuée sur demande de la Présidence avec le côté plat du manche de la pique.
La deuxième pique sert en particulier à voir si le toro est capable de retourner vers l'endroit qui lui a fait mal, c'est pour cela qu'elle est essentielle, et attendue autant par le matador que par les connaisseurs.
En revanche, si le toro refuse la pique, la présidence demande son changement car il ne peut y avoir un combat avec un taureau qui ne charge pas naturellement.

Voici un exemple d'une pique particulièrement intéressante d'un toro de Palha lors de la corrida d'Aire sur l'Adour du 1er mai 2001, avec les explications précises de l'aficionado et ancien international de rugby Pierre Albaladejo :





Au cours de l'histoire, 73 picadors ont été tués dans l'arène. Il est à noter que le rôle du picador était bien plus central par le passé, puisque la lidia tournait essentiellement autour de lui avant qu'il ne s'efface au profit du matador à pied et de ses peons. Quoiqu'il en soit, il a inspiré bien des artistes comme Goya, Dali, ou Picasso qui le représenta de nombreuses fois. 


 Auguste Chabaud - Le Picador (années 1920)


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