mercredi 22 janvier 2014

Lugdunum Convenarum, by Pompée

En 72 avant J.C, le général romain Pompée termine en Hispanie une guerre civile qui aura duré cinq ans et qui s'acheva par l'assassinat de son adversaire, Quintus Sertorius. 

Ce dernier, romain lui aussi, avait profité de sa position dans l'armée de Rome pour soustraire l'Hispanie au pouvoir de l'Empire Romain.
A la fin de cette guerre, Pompée a ordonné la création d'un oppidum (un lieu fortifié en hauteur) au pied des Pyrénées. D'une part pour contrôler et romaniser les peuples alentours, mais aussi semble-t-il pour y déplacer une partie de la population Espagnole qui s'était soustraite à l'autorité de Rome. 
Lugdunum Convenarum, la future Saint Bertrand de Comminges, venait de naître.



Au fil des décennies qui ont suivi la création de cette cité, ses habitants se sont principalement installés au pied de l'oppidum, tandis que la cité haute rassemblait les troupes militaires chargées à la fois de protéger la population, et de s'assurer qu'elle se romanisait correctement.
On ne s'étonne donc pas de trouver de vastes vestiges gallo-romains au pied du village actuel. Car contrairement aux grandes métropoles modernes qui ont souvent recouvert de béton leurs traces du passé, Saint Bertrand de Comminges regroupe aujourd'hui l'essentiel de ses habitations sur ses hauteurs.


Ruines gallo-romaines de Lugdunum Convenarum

Rapidement, la cité vit fleurir des thermes publiques, un marché, un théâtre, un temple impérial, un amphithéâtre. Un port construit au bord de la proche Garonne permettait le commerce avec la plaine dont certainement avec Toulouse. Un commerce fluvial fructueux car la ville exploitait de nombreuses carrières de marbre et de calcaire. La cité des Convènes s'étendit et grossit ainsi très rapidement. La population de cette ville que l'on disait aussi vaste en superficie que Lutèce comptera jusqu'à 10.000 habitants au cours du Ier siècle. 

Il convient de préciser que les Convènes font partie des neuf peuples qui seront rassemblés au 3ème siècle pour former la Novempopulanie, ce qui légitime historiquement leur appartenance à l'actuelle Gascogne linguistique. 
Plusieurs origines étymologiques peuvent être à l'origine de ce nom de Lugdunum Convenarum. Concernant le second mot, la thèse habituellement retenue est que le mot latin convenit signifie "(les peuples) rassemblés". Le mot Lugdunum a quant à lui le même sens que pour Lyon, à savoir "la colline du Dieu Lug". Ce qui donnerait "la colline du Dieu Lug des peuples rassemblés". 


La première phase de déclin de la ville survint à partir du 5ème siècle, lorsqu'un peuple d'Europe Centrale vint s'installer dans le Sud-Ouest de la Gaule et en Espagne (avec la bénédiction de Romains qui peinaient de plus en plus à protéger les frontières de leur Empire) : les Wisigoths.

Toulouse deviendra la capitale de ce qui deviendra un véritable empire dans l'empire (je parlerai de la période wisigothe très prochainement), et Lugdunum perdra peu à peu de sa superbe avec la disparition progressive de l'ordre romain.




Aujourd'hui, la grande cité Lugdunum Convenarum est devenue le petit village paisible de Saint Bertrand de Comminges et ne compte plus que 250 habitants. Il est assez saisissant quand on s'y promène d'essayer d'imaginer une vaste ville gallo-romaine de 10.000 âmes en lieu et place des prairies actuelles où broutent paisiblement quelques blondes d'Aquitaine.
La majestueuse Cathédrale Saint Bertrand qui trône au sommet du village depuis le 12ème siècle témoigne malgré tout d'une histoire encore riche qui perdura jusqu'à la fin du Moyen Âge.



La Tour de la cathédrale Saint Bertrand




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